La violence prend des formes très diverses et qu’elle soit physique ou morale, c’est une sale bête noire.Nous pourrions la comparer à une créature sortie de l’enfer.
J’ai souvent pensé que le fait de recevoir des coups n’était pas normal, que de sentir la douleur sur sa peau de façon brutale sans raison était illogique. Comment accepter de se faire frapper sans se rebeller ? Mais quand on est enfant, on ne peut pas se révolter contre la masse de colère qui se dresse devant vous.
Oui, tout le monde dira que lorsqu’un enfant se fait battre, il accepte cela comme une punition. Mais où se trouve la punition dans le regard de la sale bête noire, sinon celle du plaisir de faire mal ? Celle de pouvoir soulager ses sentiments de colère souvent provoqués par autre chose, mais que seul le fait de lacérer le corps d’un autre de coups de poings et de pied aidera à réduire ? S’acharner à mettre à sang un visage pour pouvoir enfin se coucher, épuisé d’avoir battu ?
Mais toi tu fais quoi devant tant de violence ? Tu longes les murs, la peur t’accompagne à chacun de tes pas quand la sale bête noire a bu et peut à tout moment se réveiller et te trouver sur son passage. Tu deviens encore plus mouton et obéissant, tu rampes pour éviter les coups et pleure dans ton lit le soir.
La sale bête noire devient ton enfer et rien ne vient éclairer tes angoisses qui sont de plus en plus froides. Tu rêves de liberté et de câlins, d’amour – oui d’amour, que tu cherches dans le regard des autres en n’osant pas leur dire que ton corps souffre de bleus, de contusions, que tu n’oses pas faire de bruit.
Tu décides de disparaitre dans l’ombre pour passer inaperçu. Comme cela la bête noire ne pourra pas te crier dessus parce qu’untel à dit cela.
La violence se fait aussi par les cris qui accompagnent le geste et toi tu veux devenir sourd pour ne plus entendre rien. Et tu pries pour devenir aveugle pour ne plus voir la main s’abattre sur toi.
Puis une autre peur arrive plus profonde et plus douloureuse. Tu as peur de ne pas savoir aimer et de ne communiquer que par la violence. Tu as peur de battre à ton tour l’enfant qui sera devant toi. Peur de ne pas savoir te contrôler.
Comment se sortir de tout cela ? Ben en parlant à quelqu’un, en parlant de ta douleur, en arrêtent de te cacher dans l’ombre de la bête noire. Parler et crier à ton tour ta douleur. S’en sortir en grandissant et en t’échappant de la vie de la bête noire pour te donner la chance de vivre un jour à la lumière. J’ai parlé et je te parle, alors !
Toi qui me lis, toi qui ressens ma tristesse, je te demande de passer ce message, car autour de nous, plus d’un enfant, plus d’un adulte se fait battre. Aide la lumière à entrer dans leur vie.